tag:blogger.com,1999:blog-5282705512319701142023-11-15T17:35:28.708+01:00Processus PerceptuelsUne carte n'est pas le territoireJay Delachancehttp://www.blogger.com/profile/08613518396327387892noreply@blogger.comBlogger2125tag:blogger.com,1999:blog-528270551231970114.post-74636077392537763672008-08-08T01:38:00.007+02:002010-10-18T01:58:33.926+02:00Internet modifie la manière de percevoir les autres et soi-même<blockquote>Psychanalyste réputé pour ses études portant sur les relations jeunes-médias-images, Serge Tisseron a intégré dans son champ d'étude l'univers de l'Internet. L'expert estime que l'usage du Net présente des spécificités qui permettent aux jeunes d'en tirer parti pour leur épanouissement. Balayant plusieurs idées recues, Serge Tisseron revient sur les changements qui affectent les jeunes au contact des technologies de l'information et de la communication.</blockquote><b>Comment analysez-vous l'appropriation des nouvelles technologies de communication par les jeunes ?</b><br />
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<b>Serge Tisseron. </b>Ce qui me frappe, c'est l'encouragement que les jeunes trouvent sur Internet à adopter des identités d'emprunt pour entrer en relation avec leurs pairs. Jusqu'ici, les gens étaient obligés d'entrer en relation à visage découvert. Certes, on peut cacher son statut social ou ses intentions, mais pas son apparence. A travers la pratique de l'Internet (chat, forums, jeux en réseau), on peut entrer en relation en masquant son âge, son sexe, sa couleur de peau, bref, toutes ses caractéristiques visibles. Cela explique en grande partie cet engouement extraordinaire. Mais cela s'accompagne aussi chez les jeunes d'une relation différente à leur identité et leur image. Ces technologies modifient la manière de percevoir les autres et soi-même. J'en veux pour preuve qu'aujourd'hui, le pré-adolescent et l'enfant ont une plus grande distance par rapport aux photographies qui les représentent. Ils acceptent qu'une image d'eux-mêmes ne soit rien d'autre que l'équivalent d'un avatar utilisé pour les représenter, sans aucun souci de ressemblance.<br />
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<b>Quel est intérêt de l'Internet dans la rencontre avec l'autre ? </b><br />
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Jadis, il existait des rites de rencontre entre les sexes qui étaient instaurés par le groupe. Par exemple, lors du conseil de révision, les garçons se voyaient décerner un badge "bon pour les filles" qui les incitaient à aller ensuite tous ensemble au bordel. A notre époque, la difficulté est de gérer seul la rencontre avec l'autre sexe.<br />
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D'où l'intérêt des rencontres anonymes sur le Net. L'avantage est qu'il permet à chacun de se retirer à tout moment de la relation engagée sans avoir de compte à rendre. On apprivoise ainsi petit à petit l'idée de la rencontre réelle. On part d'une identité masquée, puis on réajuste au fur et à mesure la présentation que l'on donne de soi et celle qu'on a de l'autre, jusqu'au moment où l'on décide éventuellement de se voir "pour de vrai". A ce moment là, on est obligé de jouer carte sur table et de se décrire tel qu'on est en réalité afin de pouvoir se rencontrer. Internet permet donc à certains jeunes aujourd'hui de lutter contre la peur de s'engager trop rapidement dans une relation dans laquelle ils craignent de se sentir "prisonnier ", et d'apprivoiser la relation peu à peu. Dans certains cas, il est vrai, ces rencontres "virtuelles" peuvent aussi se substituer aux rencontres réelles, mais c'est assez rare.<br />
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<b>"Le Net provoque l'isolement des jeunes". Pour vous, c'est une idée reçue ? </b><br />
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Oui, le passage par le Net est souvent un prélude à la rencontre réelle. D'ailleurs, les jeunes qui participent à des jeux en réseau ou qui se rendent dans les forums et les chats ont envie de se rencontrer dans la réalité. Le grand danger du Net est plutôt lié au risque de laisser croire à des jeunes fragiles que leurs interlocuteurs sont tels qu'ils se présentent à eux sur le réseau. C'est sur cette naïveté que jouent les pédophiles qui draguent par Internet. C'est pourquoi ce n'est pas en interdisant aux jeunes l'usage du Net qu'on les mettra à l'abri, mais bien plutôt en les aidant à mieux comprendre les règles qui le régissent. Le Net est une vaste machine à faire se rencontrer des avatars bien plus que des personnes réelles. De ce point de vue, c'est un peu comme dans la vie réelle, mais poussé beaucoup plus loin. La question de l'identité est au coeur de la problématique de la vie sociale : un artiste ou un homme politique se construit une image médiatique qui ne correspond pas forcément à sa réalité. Internet surfe sur ce désir de tromper notre entourage, mais ne le crée pas. En plus, je trouve que les jeux en réseau sont formidables pour comprendre ce mécanisme, et pas du tout dangereux comme les chats, parce que le risque de confondre le joueur avec son avatar est d'emblée écarté. On sait bien qu'on n'a pas affaire à un sorcier ou à un chevalier " pour de vrai " ! Ces jeux apprennent aux plus jeunes une règle majeure du Net.<br />
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Toujours dans la lignée des faux débats, l'univers virtuel du Net coupe-t-il les jeunes de la vie réelle ?<br />
Non. C'est le même faux procès que l'on a fait aux jeux de rôle. Les jeunes qui sont en crise identitaire grave et qui confondent l'autre et eux-mêmes vont évidemment courir le risque de se confondre aussi avec les personnages de fiction, mais il ne faut pas généraliser. La technologie de l'Internet est plutôt annexée par les jeunes dans leur désir de résoudre ce malaise et de renforcer leur repère identitaire plutôt que pour s'y perdre un peu plus.<br />
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<b>Comment expliquer le succès auprès des jeunes d'outil de communication comme les forums, les chats ou les messageries instantanées ? </b><br />
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C'est un point que j'ai évoqué dans mon ouvrage L'intimité surexposée. Nous avons tous le désir de faire valider par nos interlocuteurs certains aspects de nous-mêmes qui nous paraissent importants et sur lesquelles nous nous sentons parfois un peu seul. Par exemple, si j'aime la chasse aux papillons, je cherche dans mon entourage proche la personne qui partage ma passion. Sans forcément la trouver d'ailleurs. Sur Internet, on peut faire valider ses désirs les plus intimes dans un cercle élargi, et même par des inconnus. Du coup, aujourd'hui, le lieu de reconnaissance est beaucoup moins la famille. Je dirais même qu'Internet se présente comme le principal concurrent du cercle familial. Le risque n'est pas la désocialisation via Internet, mais la socialisation ailleurs que dans le groupe de référence traditionnel. Il est vrai que pour certains parents désireux de garder leur jeune proche d'eux le plus longtemps possible, c'est vécu de la même façon. <br />
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<b>Comment appréhender les codes spécifiques de communication qui apparaissent dans les nouvelles technologies (smiley's, abréviations chat, etc.) ?</b><br />
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A mon avis, plus les codes propres à Internet seront originaux, plus leurs risques de propagation à d'autres domaines seront faibles. Dans l'éducation traditionnelle, on apprend malheureusement souvent ce qui serait une bonne manière de s'exprimer et d'écrire sans préciser que cet usage n'est valable que dans certaines circonstances. On ne souligne jamais assez la relativité des langages. Internet peut permettre de comprendre plus vite qu'il n'y a pas une "bonne" façon de s'exprimer, mais autant de "bonnes" façons que de lieux et d'usages. Tout est affaire d'adéquation.<br />
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<b>Comment promouvoir l'usage du Net dans un cadre scolaire ?</b><br />
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C'est une erreur d'avoir présenté Internet uniquement sous l'angle d'une super bibliothèque de contenus, que ceux-ci soient d'ailleurs reconnus comme valables ou non. L'accent devrait plutôt être mis sur la manière dont Internet permet de comprendre la fabrication des savoirs. L'enrichissement mutuel des contributions de plusieurs participants d'un forum, qui parviennent peu à peu à construire une pensée cohérente, est un exemple formidable d'élaboration de la pensée par la confrontation et les échanges.<br />
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<b>Pour reprendre le sous-titre de l'ouvrage Les Enfants-Puce de Christine Kerdellant et Gabriel Grésillon (1), comment Internet "fabrique les adultes de demain" ?</b><br />
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Le Net introduit des changements de perception aussi importants que ceux qui ont accompagné l'apparition du train ou de l'avion. Il crée un rapport différent à l'espace et à la durée. D'abord, le Net contribue au sentiment de faire partie de la même planète chez ses utilisateurs, et cela intervient à mon avis dans la conscience du monde qu'ont les jeunes - on le voit par la place qu'ils prennent dans le mouvement altermondialiste. Ensuite, le temps est réduit : l'impatience de la réponse est incroyable dans les forums et les messageries. Enfin, avec le Net, des inconnus me parlent de leur intimité. N'oublions pas qu'avant l'invention du téléphone, les gens ne parlaient de leur intimité que lorsqu'ils se voyaient. Avec le téléphone, des personnes que je connais me parlent de leur intimité sans que je les vois. Mais, avec le développement de l'Internet, on atteint un degré de plus. Des gens que je ne connaîtrai jamais me parlent de leur intimité. Et cela donne le sentiment que l'espace entre les personnes est bien plus court.<br />
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<b>En général, les psychanalystes sont-ils branchés Internet ?</b><br />
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Je crois qu'il n'existe pas de forum Internet dédié à notre profession. J'ai une usage professionnel du Net limité car je fais partie d'une génération qui a appris à dactylographier tard et lentement. Si j'avais à ma disposition un outil absolument fiable me permettant de retranscrire ma parole sur mon PC, je l'adopterais sûrement.<br />
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<b>Personnellement, comment utilisez-vous Internet ? </b><br />
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J'utilise beaucoup la messagerie électronique. Je joue un peu à des jeux en réseau type Dark Age of Camelot par fascination et curiosité pour ce mode de relation. <br />
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<b>Quel est votre site Internet favori ?</b><br />
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Je préfère lire les versions papier des journaux. J'utilise Internet essentiellement pour la recherche d'informations. Une fois les éléments trouvés en ligne, j'en fais une impression papier que j'emporte avec moi.<br />
En tant qu'auteur de Tintin chez le psychanalyste (publié en 1985), avez-vous été tenté de visiter le site Tintin.com ?<br />
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Je vous confie que je n'y suis pas allé. Je regrette que les héros imaginés par Hergé ne soient pas dans le domaine public. La popularité d'un héros de fiction se mesure à son degré d'appropriation par son fan club. Et on peut faire beaucoup de chose avec Tintin ! Les nouvelles technologies, c'est la liberté d'appropriation de tout par chacun. Si cela se fait autant, c'est parce que ça correspond à un désir et à une nécessité psychique : nous ne nous approprions bien que ce avec quoi nous pouvons jouer et que nous pouvons transformer. Avant, cela ne se faisait qu'avec le langage, mais maintenant, grâce aux technologies numériques et à l'Internet, ce même désir passe aussi par les images. C'est pourquoi je regrette que nous n'ayons pas la liberté de jouer avec Tintin, de modifier son image, de la mettre en ligne, ou de le caricaturer sous peine de poursuite.<br />
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<i>(1) Les Enfants-Puce, Comment Internet et les jeux vidéos fabriquent les adultes de demain. Christine Kerdellant et Gabriel Grésillon (2003, Editions Denoël)</i><br />
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<blockquote>Serge Tisseron, 55 ans, est psychanalyste et psychiatre pour enfant. En 1985, il publie "Tintin chez le psychanalyste", un ouvrage dans lequel il décortique l'œuvre d'Hergé à la lumière de Freud. Il s'est également penché sur des thèmes comme la honte, les secrets de famille mais l'image et son infuence sur les jeunes. Parmi ses ouvrages, on peut citer "Le bonheur dans l'image" (Les empêcheurs de penser en rond, 1996), "Y a-t-il un pilote dans l'image" (Aubier, 1998); "Nos secrets de famille" (Ramsay, 1999), "Enfants sous influence: les écrans rendent-ils les jeunes violents" (Armand Colin, 2000) et "Les bienfaits des images" (Odile Jacob, 2002). Début octobre, Serge Tisseron va publier un nouvel essai : "Comment Hitchcock m'a guéri. Que cherchons-nous dans les images ?" aux éditions Albin Michel.</blockquote>Jay Delachancehttp://www.blogger.com/profile/08613518396327387892noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-528270551231970114.post-33903366647002945962007-07-08T02:58:00.028+02:002010-10-22T00:11:57.398+02:00Le Rôle du langage dans les processus perceptuels par Alfred KorzybskiThe Role of Language in the Perceptual Processes - Le rôle du langage dans les processus perceptuels - est le premier écrit d'Alfred Korzybski publié en langue française. Il fut rédigé à l'occasion d'un symposium de psychologie clinique qui s'est tenu à l'Université du Texas pendant l'année universitaire 1949-1950. Douze autres auteurs ont contribué à ce symposium organisé et dirigé par les professeurs Robert A. Blake et Glenn V. Ramsey. Le livre qui naquit de ce symposium, Perception: An Approach to Personality <i>Perception: une approche de la personnalité</i>, fut publié par Ronald Press Company, New York, en 1951.<br />
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<a href="http://processus-perceptuels.blogspot.com/" title="Le Rôle du langage dans les processus perceptuels"><img alt="Le Rôle du langage dans les processus perceptuels" border="0" src="http://asset.soup.io/asset/1171/9734_8c42_500.jpeg" width="90%" /></a></center><br />
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Alfred Korzybski est décédé le 1 mars 1950 tandis qu'il mettait la dernière main à la correction de cet article en vue de sa publication. Mademoiselle Charlotte Schuchardt, sa secrétaire de rédaction, a fait la déclaration suivante quant à la forme définitive du manuscrit :<br />
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<i>«Il faut préciser que Korzybski n'en a pas achevé la correction finale. Le travail que j'ai fait après sa mort n'a été que mineur, et je suis l'obligée de plusieurs collaborateurs de l'Institut de Sémantique générale pour leur assistance. Toutefois, il me revient d'assumer la double responsabilité de ma légère révision et surtout celle de n'avoir pas entrepris les corrections que Korzybski aurait pu faire.»</i><br />
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La traduction est de Yuri (Georges Psheradsky). Cet article est le dernier écrit d'Alfred Korzybski. Nombreuses sont les personnes qui le considèrent comme le meilleur condensé de son œuvre.<br />
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Charlotte Schuchardt Read<br />
Literary Executor Alfred Korzybski Estate<br />
New York, octobre 1965<br />
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<blockquote>LE RÔLE DU LANGAGE DANS<br />
LES PROCESSUS PERCEPTUELS<br />
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N'étant pas moi-même un spécialiste de la psycho-logique, je considère comme un privilège particulier le fait de participer à ce symposium dont l'objet présente un caractère tellement vital. Le thème et les divisions principales de ce chapitre m'ont été suggérés par les organisateurs du symposium, et c'est bien volontiers que je suis leurs conseils.<br />
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Au cours de mes travaux, j'ai découvert qu'il existe certains principes simples constituant le fondement du sujet, et je tenterai ici d'en faire état. Pour plus de détails, je renvoie le lecteur à la bibliographie et au grand nombre d'autres ouvrages disponibles se rapportant à la question.<br />
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Mes travaux ne traitant pas directement du problème de la 'perception', j'utiliserai ce terme ici dans son sens vernaculaire. Je ne me sens pas qualifié pour le définir et, par conséquent, j'emploierai des guillemets simples pour indiquer ma façon non technique de traiter ce type de réactions humaines. Je ne puis éviter de toucher indirectement aux problèmes de la 'perception', mais je le ferai sous un angle différent.<br />
<b><span class="Apple-style-span" style="font-weight: normal;"><br />
</span></b><br />
<span style="font-weight: bold;"> L'effet du système du langage<br />
sur les processus perceptuels</span><br />
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L'histoire qui suit, extraite de la clandestinité européenne du temps d'Hitler, pourrait peut-être illustrer mon propos. Une grand-mère américaine et sa jeune et séduisante petite-fille étaient, avec un officier roumain et un officier nazi, les seuls occupants d'un compartiment dans un train. Le train traversait un tunnel sombre et la seule chose que l'on entendit fut le bruit d'un baiser sonore suivi d'une gifle vigoureuse. Lorsque le train déboucha du tunnel, personne ne souffla mot, mais la grand-mère se disait en elle-même: «J'ai quand même bien élevé ma petite-fille. Elle saura se débrouiller dans la vie. Je suis fière d'elle.» La petite-fille, quant à elle, se disait: «Allons, grand-mère est assez âgée pour ne pas s'offusquer d'un petit baiser. D'ailleurs ces garçons sont gentils. Tout de même, je ne lui savais pas la main si lourde.» L'officier nazi méditait: «Ces Roumains quand même, comme ils sont rusés. Ils volent un baiser et s'arrangent pour que ce soit le voisin qui reçoive la gifle.» L'officier roumain, lui, contenait mal son hilarité: «Comme je suis malin» pensait-il, «je me suis baisé la main et j'ai flanqué une gifle au nazi.»<br />
De toute évidence il s'agissait d'un problème de "perception" limitée, où l' "audition" entrait principalement en jeu avec différentes interprétations. </blockquote><blockquote>On peut donner un autre exemple de "perception" dont chacun peut personnellement faire l'expérience. Je propose même que cette démonstration facile soit réalisée par tous les lecteurs de cet article. Il faut deux personnes pour effectuer cette expérience. La première, à l'insu de l'autre, découpe des titres d'articles de même dimension, extraits de différents numéros d'un journal. Le sujet ne doit pas changer de place d'un bout à l'autre de l'expérience. Un des titres lui est présenté à partir d'une certaine distance. S'il est capable de le lire, on met ce titre de côté. Ensuite, on lui en présente un autre, différent, à une distance un peu plus grande. Si de nouveau il est capable de le lire, on met ce titre également de côté. On réitère ce processus jusqu'à ce que le sujet ne soit plus capable de lire le titre présenté. On lui en lit alors le contenu. Le fait surprenant de l'histoire est que le sujet est alors capable de voir et de lire le titre dès l'instant qu'il "sait"ce qu'il contient.<br />
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De telles illustrations peuvent être multipliées indéfiniment. Ces exemples suffisent pour illustrer l'impossibilité de séparer rigoureusement la 'perception', la 'vision', l''audition', etc., de la 'connaissance'; c'est une division qui ne peut pas être faite, sinon superficiellement à des niveaux verbaux.<br />
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Dans une orientation non-aristotélicienne, nous tenons pour acquis que tous les "processus perceptuels" impliquent, de la part de notre système nerveux, l'activité d'abstraire à des niveaux de complexité différents. L'expérience en neurologie montre le caractère sélectif des réponses de l'organisme aux situations globales, et les communications présentées au cours de ce symposium corroborent également l'opinion que les mécanismes de "perception" résident dans la faculté de notre système nerveux d'abstraire et de projeter.<br />
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Abstraire, par nécessité, implique une évaluation, consciente ou non, et par conséquent le processus d'abstraction peut être considéré comme un processus d'évaluation de stimuli, qu'il s'agisse d'un "mal de dents", d'une "migraine" ou de la lecture d'un "traité de philosophie". Un grand nombre de facteurs entrent en jeu dans la 'perception' comme le suggèrent les contributions à ce symposium. Puisque ce phénomène semble être un processus circulaire, il est considéré ici aux niveaux inférieurs et supérieurs de complexité.<br />
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Les processus d'abstraction. — Dans l'état actuel de nos connaissances nous pouvons dire que toute vie est de caractère électro-colloïdal, y compris le fonctionnement du système nerveux. Nous en ignorons jusqu'à présent les mécanismes intrinsèques, mais d'un point de vue électro-colloïdal, chaque partie du cerveau est connectée avec chacune des autres parties et avec notre système nerveux dans son ensemble. Sur une telle base, même s'il devient nécessaire d'examiner en détail les différents aspects des processus d'abstraction à des fins d'analyse, il nous faut prendre conscience que ces différents aspects constituent les parties d'un seul processus global et continu de la vie humaine dans des conditions normales.<br />
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Considérons le fonctionnement de notre système nerveux lorsque nous "percevons" quelque chose qui se produit ou un événement quelconque. Le terme 'événement' est utilisé ici dans le sens que lui donne Whitehead: comme une coupe instantanée d'un processus. Laissons tomber, par exemple, une boîte d'allumettes. Il s'agit ici d'un événement d'ordre premier qui se produit à des niveaux non-verbaux, ou ce que l'on appelle les niveaux «silencieux» ou «in-dicibles». La lumière réfléchie frappe l'œil et nous obtenons dans le cerveau des sortes de configurations électro-colloïdales; en tant qu'organismes sensibles nous pouvons ensuite réagir à ces configurations par des sortes de "sensations", des évaluations, etc., aux niveaux «silencieux». Enfin, aux niveaux verbaux, nous pouvons parler à propos de ces réactions «organismales». Par exemple Newton aurait pu dire «gravitation» à propos de la chute de la boîte d'allumettes. En revanche Einstein pourrait dire «courbure de l'espace-temps». Mais quoi que nous puissions dire à son sujet, l'événement d'ordre premier reste aux niveaux silencieux. La manière dont nous en parlerons pourra changer d'un jour à l'autre, d'une année à l'autre, ou d'un siècle à l'autre. Toutes nos 'sensations', nos 'pensées', nos 'amours', nos 'haines', etc., se produisent à des niveaux silencieux in-dicibles, mais peuvent être affectés par les niveaux verbaux grâce à une interaction continue. Nous pouvons verbaliser à leur sujet, pour nous-mêmes ou pour les autres, nous pouvons les intensifier, les atténuer, etc., mais c'est un autre problème.</blockquote><blockquote>Le diagramme suivant (Fig. I) représente une analyse extensionnelle du processus d'abstraction d'un point de vue électro-colloïdal non-aristotélicien. Cette analyse est simplifiée à l'extrême et pourrait être plus approfondie. Toutefois elle nous suffit pour expliquer brièvement les aspects les plus généraux et les plus importants du problème.<br />
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<center><a href="http://asset.soup.io/asset/1171/9817_a2a8.gif" class="highslide" onclick="return hs.expand(this)" width="400"><img src="http://asset.soup.io/asset/1171/9817_a2a8.gif" class="highslide" onclick="return hs.expand(this)" title="processus d'abstraction" alt="processus d'abstraction" width="400" /></a></center><br />
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La plupart d'entre nous identifions en valeur les niveaux I, II, III et IV et réagissons comme si nos expressions verbales à propos des trois premiers niveaux étaient le "ça" de l'événement. Quoi que nous puissions dire que quelque chose "est", ce n'est évidemment pas le "quelque chose" des niveaux silencieux. En effet, comme l'a écrit Wittgenstein : <b>«Ce qui peut être montré ne peut pas être dit » <br />
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<a href="http://www.lyber-eclat.net/lyber/korzybski/role_langage1.html" target="_blank">Lire la suite...</a></blockquote>Jay Delachancehttp://www.blogger.com/profile/08613518396327387892noreply@blogger.com